Le Nil sévèrement touché par la pollution
Hérodote, un historien de la Grèce antique considéré comme le « père de l’histoire », appelait l’Égypte « le don du Nil ». Historiquement, le Nil a joué un rôle essentiel dans le développement de la magnifique civilisation de l’ancienne Égypte et, de nos jours, le Nil reste la principale source d’approvisionnement en eau du pays.
Pourtant, des produits chimiques toxiques et des déchets agricoles viennent polluer le Nil en permanence. En effet, du fumier, de la terre végétale, des pesticides et des fertilisants issus des activités agricoles et d’élevage peuvent par lessivage des sols venir polluer les fleuves, les rivières et les réservoirs aquifères, ajoutant ainsi à la pollution due aux déchets radioactifs et pétroliers. Ce sont environ 4 milliards de mètres cubes de déchets agricoles et industriels chargés en acides, en matières organiques, en pesticides et en métaux lourds agricoles qui sont déversés dans le Nil chaque année.
La pollution du fleuve peut aussi être attribuée à l’activité humaine par le biais des eaux usées rejetées des hôtels, des baignades ou du lavage d’animaux, auxquels s’ajoutent les rejets sauvages d’ordures comme les emballages de chips, les bouteilles en plastique et les sacs plastique qu’il n’est pas rare de trouver dans les cours d’eau.
Selon un rapport de Fanak Water publié en 2023[MT1] , l’afflux d’eau polluée dans le réseau hydrique de la région du delta du Nil s’est traduit par l’augmentation des concentrations en matières organiques et en nutriments chimiques comme l’azote et le phosphore. La qualité de l’eau s’en est trouvée sévèrement dégradée par la prolifération des algues et la diminution de l’oxygénation de l’eau qui a entrainé l’extinction de la vie aquatique.
La pollution menace les rivières marocaines
La pollution est l’un des grands problèmes auxquels fait face le domaine hydrique marocain. La croissance démographique et l’intensification de l’activité agricole et industrielle exercent une pression croissante et continue sur les ressources en eau du Maroc qui perdent en qualité. Des niveaux de pollution alarmants sont enregistrés dans plusieurs tronçons de cours d’eau dont plusieurs présentent des concentrations élevées de phosphore, d’ammoniaque et de matières organiques.
Le bassin du Sebou, situé au nord du Maroc, s’étend sur environ 500 km, depuis les montagnes du Moyen Atlas à l’est jusqu’à l’océan Atlantique à l’ouest. Selon un rapport de worldatlas.com, le fleuve Sebou, qui constitue 30 % des ressources en eau du Maroc, est fortement pollué par des décharges industrielles et municipales non contrôlées, et par des déchets agricoles. Le fleuve joue un rôle essentiel dans l’irrigation et soutient l’agriculture dans la région la plus fertile du Maroc le long de la plaine du Gharb.
L'Oum Er-Rbia, deuxième plus long fleuve du Maroc, s’étend sur 550 km. IL prend sa source dans les montagnes du Moyen Atlas, traverse la ville de Khénifra et se jette dans l’Atlantique au niveau du port d’Azemmour situé sur sa rive gauche. Les deux principaux cours d’eau du Maroc, le Sebou et l’Oum Er-Rbia, connaissent des niveaux de pollution critiques plusieurs fois par an.
Que faire pour améliorer la situation ?
Plusieurs actions sont possibles, comme organiser ou participer à des opérations de nettoyage de rivière. Il vous suffit de demander à vos amis ou à vos proches de venir nettoyer une rivière avec vous, de porter une paire de gants et de se munir de plusieurs grands sacs-poubelles et d’un filet à crevettes pour « pêcher » les ordures. Sans oublier de faire passer le mot pour que l’initiative se répète à d’autres tronçons de la rivière et devienne une activité régulière tout au long de l’année.
Vous pouvez aussi rejoindre des initiatives de nettoyage de rivière dans votre pays et apprendre de leur expérience et de leurs moyens. Par exemple, VeryNile est la première initiative en Égypte à avoir développé des moyens durables pour nettoyer le Nil tout en sensibilisant à l’importance de protéger l’environnement.
En 2020, VeryNile a lancé le projet « Revitaliser les pêcheurs du Nil » qui donne au pêcheurs locaux les moyens économiques et sociaux nécessaires pour nettoyer le Nil quotidiennement. Chaque jour, ils prennent leur bateau et débarrassent le Nil de 100 kg en moyenne de déchets plastiques, soit presque 40 tonnes par an.
En échange de leurs efforts de nettoyage, ils perçoivent une rémunération (par kg de déchets collectés) et bénéficient d’une couverture sociale, de prestations de service de santé et d’éducation et peuvent participer à des ateliers et des formations sur les questions environnementales.
Une bonne idée consiste aussi à demander à des entreprises locales de parrainer des campagnes de nettoyage et de les transformer en initiatives pérennes, ce qui contribuera non seulement à nettoyer les cours d’eau, mais aussi à y préserver le vivant et la biodiversité. Last but not least, vous pouvez aussi faire passer le message par des posts sur les réseaux sociaux, en en parlant à vos amis, en prenant des photos de campagnes de nettoyage de nature à susciter la participation ou en créant des groupes de bénévoles pour qu’ils se joignent à vous dans vos campagnes de nettoyage de rivière.
Organiser des campagnes de sensibilisation
Le Maroc a pris des mesures pour améliorer la gestion de l’eau, mais il reste nécessaire que soit impliqué dans le processus de planification et de prise de décision tout acteur qui y joue un rôle ou s’y intéresse. Cela peut passer par la constitution d’associations d’usagers de l’eau, des initiatives d’éducation ou de formation et des campagnes de sensibilisation ciblant le grand‑public. Il importe également de faire passer le message sur le sujet sur les réseaux sociaux par des posts, des articles, des images et des podcasts.
Enfin, il est nécessaire d’intensifier les efforts de sensibilisation aux thèmes de la pollution, du gaspillage et de la préservation des ressources en eau auprès des usagers, des pollueurs, de la société civile et des réseaux de jeunes.
L’eau est un élément essentiel à notre vie, mais le changement climatique est là qui nous empêche d’y avoir accès en quantités suffisantes.
Hérodote, un historien de la Grèce antique considéré comme le « père de l’histoire », appelait l’Égypte « le don du Nil ».
Bien que la consommation d’eau des ménages ne représente que 8 à 10 % de la consommation mondiale, chaque goutte compte dans des pays qui, comme l’Égypte ou le Maroc, sont confrontés à un stress hydrique élevé.
C’est une vingtaine d’étudiants d’écoles techniques qui ont participé à une table ronde qu’organisaient les Dialogues européens sur le climat (EUCDs) et l’Union européenne le 18 avril 2024, à l’occasion du salon EduTechn au Caire.
Le film de science-fiction Dune 2 illustre de manière éclatante un monde dans lequel la rareté de l’eau est une préoccupation de tous les instants. Arrakis, la planète désertique où se déroule l’histoire, dépeint une dure réalité dans laquelle chaque goutte d’eau est précieuse. Les Fremen, habitants de cette planète, ont mis au point des méthodes sophistiquées de préservation de l’eau. Pour eux, la notion de préservation est consubstantielle à leur culture. Il est intéressant de noter que leurs pratiques entrent en résonnance avec de nombreux aspects du principe de précaution et constituent des enseignements de valeur pour notre monde confronté à la rareté de l’eau et au changement climatique.
En adoptant les objectifs de développement durable (ODD) en 2015, l’Organisation des Nations Unies a lancé un appel à l’action universel pour faire en sorte que tous les peuples jouissent de la paix et de la prospérité à l’horizon 2030. Parmi les 17 ODD, l’ODD6 a pour objet de « garantir l’accès de tous à des services d’alimentation en eau et d’assainissement gérés de façon durable » [1].