En adoptant les objectifs de développement durable (ODD) en 2015, l’Organisation des Nations Unies a lancé un appel à l’action universel pour faire en sorte que tous les peuples jouissent de la paix et de la prospérité à l’horizon 2030. Parmi les 17 ODD, l’ODD6 a pour objet de « garantir l’accès de tous à des services d’alimentation en eau et d’assainissement gérés de façon durable » [1]. En dépit de notables progrès, le stress hydrique et la raréfaction de l’eau exacerbés par le changement climatique restent préoccupants dans de nombreuses parties du monde.
À l’heure actuelle, deux milliards de personnes n’ont toujours pas accès à des services d’eau potable gérés de manière sûre et, à l’horizon 2030, plus de 700 millions risquent d’être déplacés pour cause de stress hydrique grave [2]. En outre, selon un rapport de l’UNICEF de 2019, 85 700 enfants meurent chaque année de la diarrhée en raison de l’insalubrité de l’eau et de conditions d'assainissement et d'hygiène inadéquates[3].
Toutefois, d’impressionnantes innovations ont permis de faire progresser le dessalement à faible coût et la fourniture d’eau potable à des populations partout dans le monde. Les innovations les plus efficaces sont présentées ci-dessous.
Le Maroc est largement dépendant de l’eau de pluie pour ses besoins en eau potable et pour le secteur de l’agriculture en matière d’irrigation, mais le caractère aléatoire de cette source d’eau impact ce secteur vital pour le développement socioéconomique du pays. Face à cette situation, le gouvernement a mis un coup d’accélérateur à ses plans de construction d’usine de dessalement de l’eau de mer. Le Maroc dispose actuellement de 14 usines de dessalement opérationnelle d’une capacité annuelle de 192 millions de mètres cubes, et 4 autres en cours de construction, et vise à porter le nombre total des usines de dessalement à 36[4].
Les petits systèmes décentralisés et alimentés par énergie solaire ont prouvé leur efficacité à fournir de l’eau douce aux populations éloignées ou enclavées. Un exemple en est l’usine de dessalement à énergie solaire d’Agadir, dont la construction a commencé en 2015 et s’est achevée en 2022. Cette unité, qui produit 100 000 m3 d’eau par jour, satisfait les besoins de plus de 500 000 personnes, soit plus que la population d’Agadir. [5]
Les systèmes de prétraitement par ultrafiltration et la technologie d’osmose inverse auxquels fait appel l’usine pour désaliniser l’eau de mer permettent de récupérer de l’énergie et de réduire ainsi les coûts énergétiques de l’ordre de 43 % par mètre cube d’eau produit.
Bien que traversée par le Nil, le deuxième fleuve le plus long du monde, l’Égypte est en situation de stress hydrique. En 2018, la quantité d’eau disponible par personne n’était que de l’ordre de 570 m3, [6] chiffre que l’on s’attend à voir diminuer du fait de la croissance démographique, de la sécheresse et du changement climatique. Face à cette situation, le gouvernement égyptien développe actuellement un plan à long terme de dessalement de l’eau de mer qui prévoit la construction d’usines capables de dessaler 9 millions de m3 par jour à l’horizon 2050, époque à laquelle la population devrait atteindre les 160 millions[7] d’individus. Les sites d’implantation de la plupart de ces usines sont situés sur les côtes de la Mer rouge et de la Méditerranée.
En Chine et au MIT, des ingénieurs travaillent sur un petit désalinisateur d’eau de mer directement alimenté par la lumière solaire, similaire dans le principe à la circulation thermohaline des océans. L’appareil est estimé produire de quatre à six litres d’eau dessalée par heure et peut fonctionner plusieurs années sans avoir besoin de pièces de rechange. Cette dernière caractéristique le rend apte à l’emploi par les populations éloignées ou enclavées. [8]
Le principal problème avec les systèmes de ce genre qui utilisent un mécanisme à mèche est l’accumulation de sel qui dégrade progressivement l’efficacité du système. Mais les chercheurs chinois et du MIT sont parvenus à trouver une solution à ce problème et à construire un système plus efficace et plus rentable que les versions précédentes. D’après l’équipe de chercheurs, le coût des matériaux nécessaires à la fabrication d’un appareil couvrant 1 m² n’est que de 4 dollars.[9]
D'après Hadi Ghasemi, professeur de génie chimique et biomoléculaire , ce nouveau système « ouvre une voie prometteuse et efficace pour le dessalement des solutions à fort taux de salinité ».
Bien qu’aucune date de commercialisation de cet appareil ne soit encore fixée, les scientifiques travaillent activement à son perfectionnement et envisagent sa disponibilité d’ici quelques années.
De nombreux habitants du désert utilisent des méthodes primitives pour capter les eaux de brouillard sur des surfaces froides. Le brouillard se condense naturellement dans des conditions adéquates, comme une hygrométrie élevée ou la présence de courants froids au large des côtes. Il est possible d’améliorer l’efficacité de telles méthodes en utilisant des filets métalliques verticaux qui permettent aux gouttelettes de brouillard de s’écouler dans un bac placé sous les filets. Bien que cette technique ne soit pas applicable dans tous les environnements, ni pratique pour une production d’eau à grande échelle, elle peut être une excellente solution pour les situations d’urgence.
En conclusion, dans un monde en lutte contre la raréfaction de l’eau due à des sources d’eau en quantité limitée, au changement climatique et à la sécheresse, il devient urgent de trouver des solutions innovantes pour fournir de l’eau potable aux populations qui en sont démunies. Nous avons évoqué les efforts déployés par le Maroc et l’Égypte pour mettre en place des usines de dessalement et répondre aux besoins hydriques de leurs populations. Nous avons également évoqué le projet du MIT de mettre au point un système de dessalement portatif, capable d’alimenter en eau les populations isolées en quantités suffisantes. Enfin, nous en avons appris un peu sur les techniques de captage des eaux de brouillard. Cependant, il importe que ces initiatives soient accompagnées par des schémas de consommation responsables de la part des ménages et des entreprises, ainsi que par des efforts ininterrompus de sensibilisation, le tout devant s’ajouter à une gestion responsable des ressources naturelles – dont les fleuves et rivières – partagées entre pays limitrophes.
[1] ONU. https://sdgs.un.org/fr/goals/goal6 : garantir l’accès de tous à des services d’alimentation en eau et d’assainissement gérés de façon durable
[2] UNICEF. Water scarcity: Addressing the growing lack of available water to meet children’s needs [en anglais]
[3] UN (2019). More children killed by unsafe water, than bullets, says UNICEF chief [en anglais]
[4] Asharq News with Bloomberg (2023). Morocco is considering building 16 seawater desalination plants to combat drought [en arabe]
[5] Afrik 21 (2022). https://www.afrik21.africa/maroc-abengoa-acheve-avec-succes-les-tests-de-lusine-de-dessalement-dagadir/
[6] World Economic Forum (2019). The water crisis in Egypt, and the reasons behind it [en anglais]
[7] Al Arabiya (2023). Egypt to build 6 seawater desalination plants next March [en arabe]
[8] MIT News (2023). Desalination system could produce freshwater that is cheaper than tap water [en anglais]
[9] MIT News (2022). Solar-powered system offers a route to inexpensive desalination
L’eau est un élément essentiel à notre vie, mais le changement climatique est là qui nous empêche d’y avoir accès en quantités suffisantes.
Hérodote, un historien de la Grèce antique considéré comme le « père de l’histoire », appelait l’Égypte « le don du Nil ».
Bien que la consommation d’eau des ménages ne représente que 8 à 10 % de la consommation mondiale, chaque goutte compte dans des pays qui, comme l’Égypte ou le Maroc, sont confrontés à un stress hydrique élevé.
C’est une vingtaine d’étudiants d’écoles techniques qui ont participé à une table ronde qu’organisaient les Dialogues européens sur le climat (EUCDs) et l’Union européenne le 18 avril 2024, à l’occasion du salon EduTechn au Caire.
Le film de science-fiction Dune 2 illustre de manière éclatante un monde dans lequel la rareté de l’eau est une préoccupation de tous les instants. Arrakis, la planète désertique où se déroule l’histoire, dépeint une dure réalité dans laquelle chaque goutte d’eau est précieuse. Les Fremen, habitants de cette planète, ont mis au point des méthodes sophistiquées de préservation de l’eau. Pour eux, la notion de préservation est consubstantielle à leur culture. Il est intéressant de noter que leurs pratiques entrent en résonnance avec de nombreux aspects du principe de précaution et constituent des enseignements de valeur pour notre monde confronté à la rareté de l’eau et au changement climatique.
En adoptant les objectifs de développement durable (ODD) en 2015, l’Organisation des Nations Unies a lancé un appel à l’action universel pour faire en sorte que tous les peuples jouissent de la paix et de la prospérité à l’horizon 2030. Parmi les 17 ODD, l’ODD6 a pour objet de « garantir l’accès de tous à des services d’alimentation en eau et d’assainissement gérés de façon durable » [1].